Appel à l’usage de la sociologie pour parler de sociologie
Les discours sur la sociologie sont nombreux au sein de l’espace médiatique, surtout actuellement suite aux canulars récents (alors même que, rappelons-le, aucune revue de sociologie n’a acceptée les papiers soumis). Néanmoins, cette quantité n’est pas signe de qualité et bien souvent, les constats alarmistes sur le manque de rigueur ou le militantisme des sociologues prennent le pas sur une présentation raisonnée de cet espace scientifique. Quelques sociologues sont régulièrement présentés comme des archétypes censés représenter l’ensemble de la discipline ou son caractère « pathologique » latent[1].
Ce fait est d’autant plus paradoxal que la sociologie dispose d’outils méthodologiques et de cadres conceptuels tout à fait capables de comprendre les dynamiques entre militantisme et science (c’est notamment ce qu’a fait M. Pollak en étudiant le cas de Paul Lazarsfeld[2] ou l’utilisation du concept de champ permet cette articulation). On nous présente dans les médias souvent les mêmes caricatures, une opposition fondamentale entre deux types de sociologie, qui nuirait à la discipline entière car certains seraient davantage portés par une ambition politique que de recherche de la vérité (par exemple). Néanmoins, on trouve rarement trace d’un travail de recueillement des données, d’une présentation claire des différents courants de la sociologie, des structures et des pratiques scientifiques et des relations de pouvoir et de domination qui s’exercent au sein de cet univers. Tout se passe comme si la critique du manque de rigueur n’avait pas besoin d’être rigoureuse pour être relayée.
Ce constat appelle à la diffusion d’une sociologie de la sociologie. Ceci serait d’autant plus utile qu’elle complexifierait le constat qui est trop souvent fait de la discipline et que, comme le dit Andrew Abbott, l’avenir d’une discipline éclairée par un constat sociologique « aura toutes les chances d’être radieux »[3]. Il est alors nécessaire de rappeler que de nombreuses études sur l’univers de la sociologie ont déjà été menées, parfois très empiriques, d’autres fois plus théoriques (et je n’ai que rarement vu un relai médiatique important pour les constats référencés par des études empiriques précises).
Pensons par exemple au récent ouvrage de Marc Joly Pour Bourdieu, qui retrace dans la première partie du livre le parcours de Pierre Bourdieu à l’aide de documents inédits (on en apprend d’ailleurs davantage sur le centre de sociologie européenne et les débuts avec Raymond Aron), permettant de comprendre sa trajectoire et la réception de ses travaux[4]. De manière plus générale encore, rappelons qu’au sein de l’American Sociological Association existe une section « History of sociology », démontrant un intérêt certain pour ce type de questionnements et qui est pourtant peu relayé en dehors de la sphère académique et ce même par les sociologues.
Afin de (modestement) montrer quelques pistes possibles de réflexion sur la sociologie plus intéressantes que la tension dichotomique entre militants et sociologues « de raison », j’expose ici, de manière non-exhaustive (et peut-être non-représentative de l’état actuel des connaissances sur le sujet) quelque réflexions et travaux sur le sujet. J’avoue que mes compétences sont assez limitées sur ce domaine et ce billet n’est là que pour montrer la possibilité d’un autre regard, plus scientifique, sur la science, en évitant de juger les pratiques sociologiques sans les contextualiser et les objectiver. On verra donc aujourd’hui très (trop) brièvement l’organisation sociale de la sociologie, structurée davantage par objets que dichotomiquement avant de se questionner sur les différentes pratiques sociologiques à partir d’un article célèbre de M. Burawoy.
L’organisation sociale de la sociologie académique
Il est toujours étonnant de constater dans les discours décrivant la sociologie comme un espace divisé en deux pôles contradictoires et irréconciliables le peu de place à la preuve matérielle et sociale de cette manifestation. D’une part, la complexité des courants sociologiques, leurs oppositions mais également les voies dégagées pour le dépassement des apories sont occultés par un dualisme peu convaincant pour décrire la réalité de l’espace des positionnements des sociologues. Par exemple, les réflexions sur les méthodes utilisées, qui ont connu un enrichissement par un foisonnement depuis les années 60, sont maintenant une « (…) spécialité de travail et de recherche où, au sein de réseaux nationaux et internationaux, ils côtoient informaticiens et statisticiens. »[5], ce qui est, il me semble, peu relayé par les médias, préférant des débats théoriques « pures » que des recherches méthodologiques précises.
D’autre part, les pratiques et institutions de la sociologie ne sont pour ainsi dire quasiment jamais évoquées. Il serait pourtant éclairant, et ce même pour les sociologues professionnels, de mener un travail (journalistique et/ou scientifique) qui présenterait la place de la sociologie au CNRS, le Gemass, le Centre de sociologie européenne, les différentes universités et leurs liens, les différentes revues, etc. Bref, avoir une lecture de la sociologie autre que celle finalement très idéalisée (entendu dans le sens où ce type d’analyse ne prend en compte que les idées et jamais les pratiques et les conditions sociales et matérielles concrètes des chercheurs).
Prenons par exemple l’hypothèse suivante : la sociologie française s’est constituée de façon dichotomique entre une approche durkheimienne, reprise par Bourdieu, et une approche wébérienne, poursuivie par Boudon. De sérieux doutes pourraient être émis : Boudon lui-même utilisait beaucoup Durkheim (par exemple). On voit d’ailleurs qu’un membre du Gemass (fondé par Boudon et dirigé par lui jusqu’en 1998), Philippe Steiner, a écrit plusieurs ouvrages et articles sur Durkheim en général[6] et l’école durkheimienne en sociologie économique[7]. L’intérêt pour cet auteur et sa mobilisation sont donc bien présent chez Boudon et au sein des institutions qu’il a fondées. Il serait alors utile de cartographier la réalité des citations, des auteurs de référence, des liens entre chercheurs et institutions avant d’apposer des divisions assez superficielles et démenties par les faits. En somme, réaliser une véritable sociologie de la sociologie.
C’est notamment ce qu’a fait Etienne Ollion pour le cas des Etats-Unis, dont on peut présenter certains résultats pour comprendre l’intérêt d’une telle démarche[8]. Il remarque alors qu’à la fin des années 1990, le recours aux méthodes de regression est devenu dominant, utilisé dans 70% des articles de l’American Sociological Review (principale revue de sociologie aux Etats-Unis), alors quasi-absentes un demi-siècle plus tôt. La méthode de recueillement des données la plus usitée est le « questionnaire ad hoc », concernant deux tiers des publications entre 1996 et 1999. La forme des articles est relativement standardisée et proche des sciences naturelles puisque 82% des articles sont construits en quatre parties « I/D&M/R/Di » (Introduction avec état de l’art, résultats et méthodes et discussion).
L’auteur observe que la sociologie est traversée par trois caractéristiques : l’empirisme, le vérificationnisme et la cumulativité. « L’empirisme désigne l’idée selon laquelle il n’est de connaissance qui ne soit fondée sur des données précises et méthodiquement collectées. Pour être scientifique, la sociologie doit reposer sur une enquête empirique précise, dont la construction a été explicitée et la méthode collectivement validée. À la suite des auteurs du cercle de Vienne, le principe de vérification désigne le fait que seules les propositions analytiques ou empiriquement testables ont un sens. Dans le cas de la sociologie, les chercheurs sont donc invités à énoncer explicitement la thèse que leur recherche va établir, puis à montrer en quoi leur méthode permet de la prouver. Enfin, l’idée de cumulativité souligne que chaque nouveau travail doit apporter une contribution à la littérature existante »[9], écrit-il.
Le constat le plus intéressant pour ce qui nous intéresse ici est le fait que l’association américaine de sociologie (American Sociological Association, regroupant bon nombre d’adhérents et ayant une influence certaine dans la pratique scientifique) soit divisée par thème : « L’effet probablement le plus notable de la spécialisation interne forte qu’a connue la sociologie étasunienne est que les discussions s’organisent désormais principalement autour de lignes thématiques plutôt qu’entre grands paradigmes théoriques. »[10]. Il cite à l’appui une analyse de co-citations qui appuie cette affirmation : les sociologues se réfèrent plus souvent travaillant sur des objets similaires que d’autres collègues.
J.-M. Berthelot[11] avait fait le même constat de cette division thématique pour la France (qui semble davantage correspondre à la réalité institutionnelle de la sociologie que l’hypothèse dichotomique), soutenue notamment par l’Association Française de Sociologie, dont la liste des réseaux thématiques peut se retrouver ici. Il explique cette constitution historique de la sociologie par « l’institutionnalisation de la rencontre entre une demande sociale et une offre scientifique de recherche. Ce qui, dans ce modèle économique d’offre et de demande, pourrait sembler contingent et non structurant a, au contraire, la propriété de construire progressivement des champs de recherche fortement indépendants les uns des autres, organisés chacun autour d’un nœud commun de préoccupations, de résultats, de modèles, de programmes et de formules. »[12]
La sociologie est donc davantage portée par des questionnements[13] découlant d’une rencontre avec une certaine demande et des théories de « moyennes portées » que par la recherche de grands programmes généraux par opposition théorique forte et irréconciliable. Les conflits sont donc internes à chaque champ de la sociologie, espace où naissent les nouveautés méthodologiques et théoriques de la discipline : « Bien loin d’être de simples lieux d’application de théories générales ou de grands programmes, les champs apparaissent comme des espaces possibles d’invention. La novation théorique et programmatique est ainsi souvent venue, durant cette période, de champs particuliers de la sociologie et a consisté en une sorte de va-et-vient d’un champ ou d’un niveau à l’autre. »[14].
Néanmoins, on ne parle ici que d’un certain type de sociologie : la sociologie académique. Il est alors nécessaire d’élargir quelque peu la focale pour bien comprendre d’autres façons de faire de la sociologie et comment ces différentes pratiques peuvent faire avancer (ou non) la connaissance que nous avons du social.
Relations et rapports de pouvoir entre les différents types de sociologie
Un texte a fait date dans l’analyse de la sociologie et que je ne pense pas avoir vu beaucoup diffusé en dehors de la sphère sociologique, alors même qu’il a entraîné un important débat. Publié en février 2005 dans American Sociological Review (je prendrai la traduction abrégée des Actes de la recherche[15]), l’article « Pour la sociologie publique » de Michael Burawoy est autant un plaidoyer qu’une analyse typologique de l’état de la sociologie américaine. Il décrit l’existence de quatre types de sociologie, avec des objectifs et des caractéristiques différentes, correspondant à une certaine division du travail sociologique :
- La sociologie académique : elle produit des enquêtes et des théories dans un idéal positiviste au travers de programmes de recherche, de développement de méthodes et de paradigmes permettant de saisir la réalité sociale.
- La sociologie critique[16] : elle critique les postulats de la sociologie académique, considérant la vérité indissociable de principes normatifs. Pour illustration, les théories féministes développées par des universitaires se rangent dans cette catégorie.
- La sociologie « experte » : elle vise l’utilité immédiate, en répondant à des demandes de clients. C’est par exemple le cas lorsqu’on demande à un.e sociologue de témoigner en tant qu’expert à un procès.
- La sociologie publique : elle recherche une correspondance entre les sociologues et un public particulier. C’est donc dans un idéal de communication et de discussion, souvent centré autour de catégories ou de problématiques sociales, au sein de laquelle ce type de sociologie s’inscrit, avec l’idée de vouloir améliorer la situation.
Cette division est en réalité fondée par deux questionnements dans la pratique de la sociologie : quel est le public visé (de la sociologie pour qui) ? Et le type de savoir déployé (de la sociologie pour quoi ?). Les sociologues peuvent en effet s’adresser soit à au monde universitaire soit à un public extra-universitaire. Le savoir, d’autre part, peut être mobilisé pour des moyens précis (savoir instrumental) ou pour dans un dialogue axiologique pouvant concerner les fonds de recherche, les objectifs de la société etc. (savoir réflexif)[17]. Le tableau suivant, tiré de l’article de Burawoy, classe les quatre types de sociologies en fonctions de ces deux axes :
Des différences existent ainsi sur d’autres critères, comme expliqué par Burawoy lui-même : « Chaque type de sociologie a son mode de légitimation propre : la sociologie académique se justifie d’après des normes scientifiques, l’expertise sociologique sur la base de son efficacité, la sociologie publique sur celle de sa pertinence, et la sociologie critique doit fournir des visions morales. Chaque type de sociologie a aussi son mode d’évaluation particulier : la sociologie académique est contrôlée par les pairs, l’expertise par les clients, la sociologie publique par un public donné, et la sociologie critique doit rendre des comptes aux intellectuels critiques qui peuvent se situer hors des frontières disciplinaires. Chaque type a de plus une orientation propre. La sociologie académique défend l’existence des conditions de réalisation de la science, l’expertise sociologique propose des modes d’action, alors que la sociologie publique conçoit la politique sur le mode du dialogue démocratique, et que la sociologie critique cherche à faire naître la discussion au sein de la discipline. »[18]
Pour chacune de ces sociologies, il existe un état pathologique, rendu possible par la spécialisation due à cette division des tâches amenant à un sectarisme et un auto-référencement. La sociologie académique court ainsi deux risques : produire des connaissances abscons, d’une « obscure grandiloquence » théorique ou d’avoir un empirisme naïf. Pour la sociologie critique, elle peut devenir dogmatique et, si elle ne se réfère plus à la sociologie académique, perdre toute utilité. La sociologie experte, quant à elle, peut perdre son autonomie face aux desiderata des clients, son mode de financement peut la conduire à perdre toute autre ambition que la recherche de contrats. Enfin, la sociologie publique peut abandonner des critères professionnels dans la flatterie de ses lecteurs ou, au contraire, de les prendre avec condescendance. Le tableau suivant permet de résumer l’ensemble du regard embrassé par Burawoy sur la sociologie et toutes les dimensions évoquées ici :
Selon lui, chacun des savoirs produits par ces sociologies sont mutuellement utiles : « Sans sociologie académique, il ne peut y avoir d’expertise sociologique ou de sociologie publique, pas plus qu’il ne peut y avoir de sociologie critique puisqu’il n’y aurait rien à critiquer. Mais réciproquement, la vitalité de la sociologie académique dépend de ses réponses aux défis que lui posent les problèmes sociaux, et qui lui sont adressés via la sociologie publique. C’est le mouvement des droits civiques qui a transformé la conception du monde qu’avaient les sociologues, et c’est le mouvement féministe qui a réorienté tant de domaines de la sociologie. »[19], écrit-il. Afin d’éviter toute dérive vers leurs pathologies naturelles, Burawoy appelle à un dialogue entre chacun des types et au développement d’un ethos commun permettant la reconnaissance de toutes ces sociologies par chacun de ses praticiens.
Ainsi, la sociologie est un champ de force qui nécessite d’être équilibré. Cependant, aux Etats-Unis, le déséquilibre pour Burawoy ne provient pas d’une domination ou d’une « contamination » des sociologies réflexives, au contraire : Je suis aussi également en désaccord avec les « déclinologues » sur les dangers qu’encourt la sociologie : il me semble que c’est la dimension réflexive de la sociologie qui est en danger, pas sa dimension instrumentale. Aux États-Unis tout du moins, les sociologies académique et experte (la première offre les carrières, et la seconde fournit les financements) président aux orientations de la discipline. Les valeurs diffusées par la sociologie critique pas plus que l’audience conférée par la sociologie publique ne peuvent concurrencer la puissance des carrières et de l’argent. »[20]. C’est pour cela qu’il appelle à la légitimation, au développement et à la reconnaissance de la sociologie publique[21].
En reprenant et en testant empiriquement cette analyse pour le cas français, on peut constater l’essor d’une sociologie praticienne, à la limite entre la sociologie publique et experte (on va y revenir). Après l’institutionnalisation scientifique d’après guerre (qu’on remarque notamment par la création de la licence et du doctorat en 1958, constitution de départements autonomes, organisation de la discipline au CNRS) et la diffusion des savoirs académiques (auprès de certaines professions comme la santé, les activités associatives, le travail social, etc. mais aussi de lycéens et étudiants par la création de l’Association des Sociologues Enseignants du Supérieur), on assisterait aujourd’hui à un renforcement de la « recherche par commandes » (publiques ou privées) et surtout à une pratique sociologique en dehors du cadre académique[22].
Odile Piriou montre empiriquement cette double transformation (financement par contrats et émergence de la sociologie praticienne) : « En Ile de France, par exemple, la grande majorité des centres de recherche étudiés (38 laboratoires sur 44) conduisent des recherches sur contrats, financées par des clientèles extérieurs à la communauté scientifique. Pour plus de la moitié de ces unités, les enveloppes financières de ces contrats représentent 80% ou plus des budgets globaux de ces laboratoires de recherche. »[23]. Ceci est aussi visible par les formations proposées par les universités de sociologie : « Sur les 123 Masters recensés par la DEP comme Masters de sociologie, 59 Masters sont reconnus comme Masters Professionnels, 43 comme Masters Recherche. 23 sont identifiés « indifférenciés ». »[24].
Néanmoins, contrairement au contexte américain, cette sociologie professionnelle s’apparente davantage à une sociologie publique qu’à une sociologie experte, même si la frontière entre les deux semble mince pour le cas français. Pour les praticiens, les outils méthodologiques sont moins compris comme encastrés dans des débats théoriques qu’utilisés pour répondre à des questionnements auxquels ils font face, même si une « dimension commune de l’appartenance sociologique met en évidence la posture critique – militante. Une composante de l’identité qui est autant présente dans les discours des sociologues praticiens que dans ceux des sociologues académiques. Elle traduit une volonté de justifier l’identité du sociologue et de la discipline par les principes axiologiques qui guident la production de connaissance. »[25].
Conclusion
On peut tirer de tout cela le constat d’une certaine domination de la sociologie académique dans les analyses mais aussi dans les pratiques, que les praticiens viennent remettre en cause dans les années 2000. La logique instrumentale, même si elle peut se confondre avec des considérations « militantes » ou « publiques » (mais il conviendrait de redéfinir ce terme, un sociologue souhaitant résoudre un conflit dans une organisation n’est-il pas quelque part militant ? Le militantisme s’efface-t-il dans le marché et la recherche de contrats ou au contraire est-il exacerbé ?), semble les supplanter dans les pratiques concrètes de recherche et de son organisation. Si cela n’a jamais été fait, il me semble qu’une étude portant sur le dispositif Cifre dans l’élaboration de la recherche pourrait être fructueuse (surtout lorsqu’on sait que ce type de contrat existe depuis 1981 et a concerné depuis plus de 26 000 doctorants).
La plupart des articles que j’utilise date d’une dizaine d’années, donc de l’histoire de la discipline (ceci est dû à mon manque de compétence sur le sujet et de temps). Les conclusions que je peux en tirer sont donc peut-être caduques. Néanmoins, je voulais montrer qu’on pouvait avoir une lecture rigoureuse de ce qui se passe dans le monde scientifique. Il serait souhaitable en effet que les commentateurs de la discipline s’appuient sur des faits et que tous les défenseurs de la démarche scientifique condamnent ou au moins ne soutiennent pas des présentations rapides qui n’ont que des effets pervers sur la légitimité de la discipline. Quand on dresse un portrait sur la sociologie sans fondements théoriques et méthodologiques, même si c’est dans le but louable de vouloir sauver la sociologie d’elle-même, on prend le risque d’approuver qu’il est possible de parler de la science sans en avoir la rigueur nécessaire. La sociologie est peut-être aujourd’hui face au défi de s’assurer d’une bonne analyse de ses propres dynamiques et de sa réception. Par chance, elle est la mieux placée pour l’entreprendre.
[1] Pourtant, l’affaire récente de rupture de contrat doctoral pour motif de précédents avec la justice est interprétée comme le signe d’une répression du militantisme en sociologie.
[2] Pollak M., " Paul F. Lazarsfeld, fondateur d'une multinationale scientifique ", Actes de la Recherche en Sciences Sociales, n°25, 1979, pp. 45-59.
[3] Michael Burawoy, « Pour la sociologie publique », Actes de la recherche en sciences sociales 2009/1 (n° 176-177), p. 143
[4] Même si je reste peu convaincu de l’explication de certains positionnements, notamment le passage sur la « jalousie ».
[5] « Chapitre V : Tendances de la sociologie contemporaine », J.-M. Berthelot, La construction de la sociologie, PUF, Quadrige, p. 105-122 https://www.cairn.info/la-construction-de-la-sociologie--9782130551201-p-105.htm
[8] Étienne Ollion, « De la sociologie en Amérique. Éléments pour une sociologie de la sociologie étasunienne contemporaine », Sociologie 2011/3 (Vol. 2), p. 277-294 https://www.cairn.info/revue-sociologie-2011-3-page-277.htm
[9] Étienne Ollion, « De la sociologie en Amérique. Éléments pour une sociologie de la sociologie étasunienne contemporaine », Sociologie 2011/3 (Vol. 2), p. 282
[10] Étienne Ollion, « De la sociologie en Amérique. Éléments pour une sociologie de la sociologie étasunienne contemporaine », Sociologie 2011/3 (Vol. 2), p. 289
[11] « Chapitre V : Tendances de la sociologie contemporaine », J.-M. Berthelot, La construction de la sociologie, PUF, Quadrige, p. 105-122
[12] « Chapitre V : Tendances de la sociologie contemporaine », J.-M. Berthelot, La construction de la sociologie, PUF, Quadrige, p. 105-122
[13] Pour un autre travail sur la constitution des objets en sociologie à travers le cas de l’absence de la prise en compte des automobiles par l’école de Chicago voir : https://www.cairn.info/revue-francaise-de-sociologie-1-2003-3-page-497.htm
[14] « Chapitre V : Tendances de la sociologie contemporaine », J.-M. Berthelot, La construction de la sociologie, PUF, Quadrige, p. 105-122
[15] Celui-ci a l’avantage de retracer rapidement la controverse en présentant en encadrés les postures des autres sociologues face à ce constat Michael Burawoy, « Pour la sociologie publique », Actes de la recherche en sciences sociales 2009/1 (n° 176-177), p. 121-144
[16] Notons que le sens diffère de celui donné par Bourdieu, pour qui toute science est critique car elle doit prendre ses distances vis-à-vis des prénotions et du naturalisme.
[17] « Le savoir réflexif interroge les valeurs sur lesquelles se fonde la société tout autant que notre profession. » Michael Burawoy, « Pour la sociologie publique », Actes de la recherche en sciences sociales 2009/1 (n° 176-177), p. 127
[18] Michael Burawoy, « Pour la sociologie publique », Actes de la recherche en sciences sociales 2009/1 (n° 176-177), p.133
[19] Michael Burawoy, « Pour la sociologie publique », Actes de la recherche en sciences sociales 2009/1 (n° 176-177), p. 133
[20] Michael Burawoy, « Pour la sociologie publique », Actes de la recherche en sciences sociales 2009/1 (n° 176-177), 136
[21] En souhaitant la spécialisation des tâches sociologiques et sa division accrue, Burawoy a été reproché de mal comprendre l’intrication entre le normatif et le descriptif dans la trajectoire et la pratique des sociologues ainsi que de conseiller un remède qui peut aboutir au mal. Cette spécialisation pourrait entraîner les dérives pathologiques qu’il dénonce lui-même, nous dit A. Abbott (p.130-131).
[22] « Chapitre V : Tendances de la sociologie contemporaine », J.-M. Berthelot, La construction de la sociologie, PUF, Quadrige, p. 105-122 et Odile Piriou, « Que deviennent les diplômés de sociologie ? Un état de la discipline et de son avenir », Socio-logos http://journals.openedition.org/socio-logos/1622
[23] Odile Piriou, « Que deviennent les diplômés de sociologie ? Un état de la discipline et de son avenir », Socio-logos http://journals.openedition.org/socio-logos/1622
[24] Odile Piriou, « Que deviennent les diplômés de sociologie ? Un état de la discipline et de son avenir », Socio-logos http://journals.openedition.org/socio-logos/1622
[25] Odile Piriou, « Que deviennent les diplômés de sociologie ? Un état de la discipline et de son avenir », Socio-logos http://journals.openedition.org/socio-logos/1622
Bibliographie
Michael Burawoy, « Pour la sociologie publique », Actes de la recherche en sciences sociales 2009/1 (n° 176-177), p. 121-144
J.-M. Berthelot, La construction de la sociologie, PUF, Quadrige
Étienne Ollion, « De la sociologie en Amérique. Éléments pour une sociologie de la sociologie étasunienne contemporaine », Sociologie 2011/3 (Vol. 2), p. 277-294 https://www.cairn.info/revue-sociologie-2011-3-page-277.htm
Odile Piriou, « Que deviennent les diplômés de sociologie ? Un état de la discipline et de son avenir », Socio-logos http://journals.openedition.org/socio-logos/1622