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Socio-réflexe

Pourquoi tant de bureaucratie ?

6 Septembre 2017 , Rédigé par Tristan D.

                « Bureaucratie » est généralement employé comme un vilain mot, source de dysfonctionnements, voire d’aliénation de la subjectivité humaine. « Le terme même de bureaucratie n’a jamais su s’abstraire de l’imaginaire collectif et de l’affect qui en fait une notion négativement connotée. »[1]. Il serait intéressant d’étudier dans les représentations culturelles la place qui lui est laissée, et on peut deviner très rapidement, en rappelant Le château de Kafka, cette scène d’Asterix et Obélix ou Brazil de Terry Guilliam (dont on se souvient le « 27B-6 », à revoir ici) qu’elle n’est pas très glorieuse. Si ces critiques du monde artistique sont plutôt justifiées, la bureaucratie ne peut se résumer à celles-ci. En réalité, tout porte à croire que « La bureaucratie s’offre à nous comme ce phénomène dont chacun parle et pense avoir quelque expérience et qui, cependant, résiste étrangement à la conceptualisation. »[2].

                C’est à ce moment qu’on peut faire appel à la sociologie. La bureaucratie s’apparente alors à un phénomène social, et donc un objet pour la sociologie par excellence. En effet, elle peut s’identifier comme une contrainte extérieure à la volonté des individus (comme chacun peut en faire l’expérience), correspondant à la définition durkheimienne[3], comme un mode de gouvernance, un idéal-type wébérien ou bien encore comme le produit de relations sociales qui sont des relations de pouvoir (dont l’analyse de Crozier –mais pas seulement- se révèle précieuse). En quittant le discours moral (ce que la neutralité axiologique wébérienne nous oblige à faire[4]), qui assimile la bureaucratie d’abord comme un mal à abattre, on peut commencer une étude sérieuse de cet objet : « Met-on en évidence le phénomène du parasitisme bureaucratique, on ignore que c’est d’un même mouvement que la bureaucratie s’installe au cœur de la vie sociale et qu’elle se prend elle-même pour fin, qu’elle répond à une exigence technique et la subordonne à l’impératif de la puissance. »[5]. Claude Lefort appelle, à la suite de cette citation, d’être attentif à la pluralité des bureaucraties et à les enquêter (comme tout objet sociologique) afin de ne pas tomber dans une dénonciation vide de rigueur méthodologique.

                Quand on compare ces représentations sociales assez partagées vis-à-vis de la bureaucratie et son importance dans nos sociétés, un paradoxe fait jour : pourquoi, pourtant si décriée, est-elle si omniprésente (même si on ne peut les réduire qu’à des « agents bureaucratiques », ni en être les seuls représentants, on peut rappeler que les employés représentent 27,4% de la population active[6]) ? C’est la question principale que je pose dans ce billet, mais qui en amène d’autres : comment la bureaucratie apparaît ? Est-elle si inefficace ? Est-elle rationnelle ? Et enfin, est-ce une forme de domination ? On va dans un premier temps tenter de comprendre l’apparition de la bureaucratie par son efficacité (Weber) ou la domination qu’elle peut exercer (Marx, Bourdieu) avant de prendre le contrepied de cette analyse et envisager la bureaucratie comme une construction interactionnelle au sein d’une organisation (Crozier) ou encastrée dans un débat de société (Graeber ; Hibou ; Michels).

I/ Expliquer l’émergence de la bureaucratie par ses effets

                Plusieurs définitions de la bureaucratie existent, même si certaines sont plus satisfaisantes que d’autres. Afin de ne pas vous ennuyer sur ce point, où l’enjeu de ce post n’est pas tellement sémantique, nous allons les révéler au fur et à mesure, en fonction des auteurs. Partons déjà des analyses qui assimilent ou lient la bureaucratie à l’Etat.

            A/ La bureaucratie, outil de domination de l’Etat

                La bureaucratie s’apparente généralement dans ce type de pensées à un mode historique de prise de décisions publiques et incarnée par un groupe social (les fonctionnaires, les « bureaucrates », les juristes, etc.). Par exemple, pour Marx, la bureaucratie provient de la couche sociale à la charge de l’administration des affaires publiques. Malgré son incompétence (car elle éloigne la tête des cercles inférieurs), qu’elle vit pour le secret (la hiérarchie est une corporation fermée) et qu’elle engendre un culte pour l’autorité (la qualifiant même de « parasitaire »[7]), elle parvient à maintenir son existence par le corporatisme des bureaucrates, dont le but est de se distinguer des prolétaires, sans jamais dépasser réellement la lutte des classes : « La bureaucratie assigne à l’Etat ses propres buts qui sont de maintenir la division sociale pour confirmer et justifier son statut propre de corps particulier et privilégié dans la société. »[8]. Les bureaucrates imposent alors un certain ordre du monde qui n’est pas neutre, maintenant la bipolarisation sociale.

                Cette thèse a l’avantage d’exposer ceux qui se présentent comme les porteurs de l’intérêt général non pas comme des acteurs hors du monde mais bel et bien encastrés dans des rapports sociaux. Néanmoins, Marx pense la bureaucratie dans son analyse générale de lutte des classes et ne la relativise que par rapport à elle, ce qui lui empêche d’étudier des phénomènes proprement bureaucratiques[9] et force à déconsidérer ce discours d’universalisme. C’est alors que Bourdieu nous est utile, en donnant une perspective historique à cette bureaucratie d’Etat. Pour lui, elle provient aussi d’un mouvement « corporatiste », d’une recherche d’autonomie des juristes face au Roi lors de la monarchie absolue, en inventant le Res publica. Ainsi, ils purent acquérir le monopole de l’universel, en constituant leur point de vue en point de vue légitime (en réalité, légitimé par cette notion d’ « universel »), ce qui passe notamment par une rhétorique de l’officiel. Il ne faut cependant pas se méprendre car ce discours de l’intérêt général a une conséquence sur leurs actions et ils n’agissent pas que par corporatisme :

« Ceux qui, comme Marx, inversent l’image officielle que la bureaucratie entend donner d’elle-même et décrivent les bureaucrates comme des usurpateurs de l’universel, agissant en propriétaires privés de ressources publiques, ignorent les effets bien réels de la référence obligée aux valeurs de neutralité et de dévouement désintéressé au bien public qui s’impose avec une force croissante aux fonctionnaires d’Etat à mesure qu’avance l’histoire du long travail de construction symbolique au terme duquel s’invente et s’impose la représentation officielle de l’Etat comme lieu de l’universalité et du service de l’intérêt général. »[10]

                 Dans les deux cas, la bureaucratie d’Etat se comprend à travers la domination qu’elle peut exercer, perpétuant le système bourgeois dans un cas et l’imposition symbolique dans l’autre[11]. Les régimes communistes et en particulier l’URSS sont surement les exemples les plus illustratifs de la constitution d’une classe dominante de bureaucrates, où ces analyses sont explicatives. De façon assez partagée c’est en Russie et après la révolution que les bureaucrates deviennent véritablement une classe sociale et, qui plus est, dominants, que ce soit pour Claude Lefort[12] ou Castoriadis[13]. Cette idée se retrouve aussi dans l’esprit de Weber, les dirigeants devant faire avec la bureaucratie, donc avec les intérêts des bureaucrates[14] : « La bureaucratie n’est pas une classe tant qu’elle n’est pas la classe dominante et quand elle le devient, elle demeure, dans son essence, dépendante d’une activité proprement politique d’unification. »[15]

                On n’explique pas la bureaucratie par elle-même, n’étant qu’un « outil » (en caricaturant) pour des forces sociales. De plus, la bureaucratie n’est pas propre à l’Etat et peut s’observer au-delà d’une seule catégorie sociale, que ce soit les juristes, les fonctionnaires, ou autres. Il semble donc important de prendre le temps d’analyser intrinsèquement ce phénomène  pour bien comprendre son omniprésence, son développement n’est pas dû qu’à l’apparition et au renforcement de l’Etat.

 
 
Marx qui, bien que jugeant la bureaucratie de parasitaire, n'étant ni contre les papiers, ni contre les bureaux

Marx qui, bien que jugeant la bureaucratie de parasitaire, n'étant ni contre les papiers, ni contre les bureaux

           B/ Le fondement légal-rationnel de la bureaucratie

                C’est alors qu’on peut creuser un peu plus la pensée de Weber, qui s’est penchée sur la logique propre à la bureaucratie. Pour cet auteur, il s’agit d’un mode d’organisation spécifique : « En quelques mots, le type idéal d’un tel système est fondé sur la hiérarchie, l’impersonnalité des fonctions spécialisées, l’ordre, les règles et la mise en place de procédures. »[16].  Si on a pour habitude de rejeter la bureaucratie pour ces qualificatifs, le sociologue allemand insiste sur son efficacité. Ainsi, si la bureaucratie s’est développée, c’est par sa supériorité technique par rapport aux autres modes d’organisation, comme le résume Julien Freund : «  Les avantages de la bureaucratie résident d'une part dans sa capacité de se plier, grâce à sa spécialisation, à l'une des lois fondamentales de la civilisation moderne, à savoir celle de la division du travail, d'autre part dans l'expédition des affaires courantes sur la base de règles abstraites et non de considérations personnelles. Sans supprimer totalement l'arbitraire, elle limite cependant son empire, y compris du côté gouvernemental. L'égalité devant la loi a cessé d'être une norme purement formelle grâce à la bureaucratie, bien que certains abus restent toujours possibles.  »[17].

                Mais n’allons pas trop vite en besogne, la pensée de Weber s’avère plus profonde qu’on ne la présente souvent. La domination (c’est-à-dire pour cet auteur comment un groupe ou un individu parvient à se faire obéir) repose sur trois types de légitimité: charismatique, faisant appel à l’autorité d’un « chef » par sa prestance ; traditionnel, où l’obéissance se fonde sur la coutume et les us ; et enfin, légal-rationnel, venant du respect d’une loi, s’appuyant sur la rationalité. Ainsi, la bureaucratie appartient à la dernière catégorie. Il la définit alors par six critères[18], permettant la mise en place de cette rationalité (plutôt technique) d’apparaître : « La bureaucratie est de caractère «rationnel»: les règles, le but et les moyens, l'impersonnalité objective président à ses faits et geste. »[19].  

                C’est par ces principes que le bureaucrate est choisi pour ses compétences et non pour sa personne, qu’il ne loue pas vraiment sa force de travail mais qu’il exerce une profession avec un ensemble de connaissances déterminées, qu’il doit bénéficier d’une stabilité de l’emploi (pour garantir un dévouement dans la tâche) et que sa promotion doit être « mécanique », par une échelle de traitement. On a alors immédiatement en tête le régime des fonctionnaires, par leur recrutement sur concours, leur poste « à vie » et l’avancement par ancienneté. On pourrait néanmoins y ranger sous ce terme de « bureaucratie » tel que le conçoit Weber la division du travail, notamment lorsqu’elle est « scientifique », les hiérarchies et procédures qu’on retrouve dans bon nombres d’organisations, et pas seulement au sein de l’Etat.

                Weber n’est pas sans savoir que des conditions économiques et sociales particulières ont été nécessaires pour le développement de la bureaucratie, qu’il lie au capitalisme. Cette période de rationalisation du monde (la « cage d’acier de la rationalité ») est en effet explicatif de l’omniprésence de ce mode d’organisation, comme l’écrit Claude Lefort : « L’élimination en son sein des rapports personnels, la subordination de toutes les activités à l’application d’une norme liée à une finalité objective font d’elle un modèle de rationalité économique établi par le capitalisme industriel. » [20]. Capitalisme et bureaucratie sont donc liés par la rationalité inhérente aux deux systèmes : « La société bureaucratique est donc, pour ce qui concerne l'administration, la formule qui répond le mieux à la rationalisation croissante propre à la société moderne et qu'on rencontre dans tous les domaines de la vie.»[21]. C’est, d’après, ses mots, « la pierre angulaire de l’Etat et de l’économie moderne en Occident »[22]. Au risque de répéter, citons ces mots de Juien Freund qui reprend la pensée wébérienne : « (…) en raison de son développement qui se fonde sur le calcul, une technique rationnelle, une division rationnelle du travail, l'entreprise capitaliste a été obligée de se plier au système bureaucratique parce que seul il offre un modèle satisfaisant d'une réglementation et d'une administration rationnelle. «La bureaucratie fait les choses incomparablement mieux que n'importe quelle autre structure de domination» »[23].

                Bien évidemment, Weber est conscient que la bureaucratie puisse être dangereuse, évoquant notamment une possibilité de « sur-gestion », quand elle souhaite « tout régler »[24] (une idée qu’on retrouve déjà chez Marx). Mais le sociologue allemand n’a pas su voir les dysfonctions de la bureaucratie au niveau interactionnel et le fait qu’une organisation peut se voir réellement comme une « machine » et les individus  comme des « rouages ». En définitive, il faut quitter la représentation de la bureaucratie comme un simple outil de classe et/ou d’Etat ou comme un idéal-type et la voir comme le fruit, volontaire ou non, de relations sociales. C’est ainsi qu’on peut mieux comprendre cette phrase de Michel Crozier : « Nous rejetons trop facilement nos difficultés sur des épouvantails abstraits comme le progrès, la technique, la bureaucratie. Ce ne sont pas les techniques ou les formes d’organisation qui sont coupables. Ce sont les hommes qui, consciemment ou inconsciemment, participent à leur élaboration. »[25]. C’est ce que nous allons voir dans une seconde partie.

 
Weber, usant de son autorité charismatique éléphantesque

Weber, usant de son autorité charismatique éléphantesque

II/ La construction sociale de la bureaucratie

                Bien sûr, les auteurs précédemment cités envisagent la bureaucratie comme une construction sociale, c’est-à-dire le produit des hommes en relation. Néanmoins, l’aspect proprement interactionnel est moins présent chez eux (surtout pour Marx et Weber), négligeant alors un certain niveau d’analyse. Il faut donc se pencher sur des cadres moins abstraits et moins englobant que l’Etat ou le capitalisme afin de saisir certaines dynamiques de la bureaucratie. Nous allons donc maintenant voir comment une organisation, une démocratie ou le marché fabriquent ce type de relations.

            A/ La dynamique organisationnelle : un cercle vicieux bureaucratique

                L’ambition de ce type d’approche, c’est de montrer que la bureaucratie possède une certaine « autonomie » et qu’il n’est pas forcément nécessaire de la rattacher à d’autres forces sociales pour comprendre son émergence et ses dysfonctionnements. C’est ainsi que Merton montre que ce mode d’organisation peut conduire au ritualisme, où le formulaire devient une fin plutôt qu’un moyen[26]. En ayant tenté d’expliquer la bureaucratie par son efficacité, Weber n’a pas su les comportements qu’elle peut engendrer et leur « irrationalité » dans les résultats : « Merton (…) soutient que la discipline nécessaire pour obtenir, dans le cadre bureaucratique, le comportement standardisé souhaité entraîne le développement chez le fonctionnaire, d’une attitude ritualiste (correspondant au « déplacement des buts »), que la rigidité qui en résulte leur rend difficile de répondre aux exigences particulières de leur tâche et que, parallèlement, au niveau du groupe, cette rigidité développe l’esprit de caste, et crée ainsi un fossé entre le fonctionnaire et son public. »[27].

                Comme on vient de citer Crozier, on va explorer un peu plus ce qu’il nous dire sur ce phénomène qu’est la bureaucratie, étant un des sociologues l’ayant le plus rattaché à une dynamique organisationnelle. Selon lui, les organisations cherchent d’une part une conformité dans le comportement de ses membres et d’autre part à s’abstraire (autant que possible) des fluctuations externes. C’est pour cela qu’elles ont recours à la bureaucratie : afin de coordonner les actions sans une remise en question perpétuelle (par exemple : pour remplacer un ouvrier malade, on choisit le plus ancien, évitant de longues discussions et arrangements) et de se faire « envahir » par des exigences externes en mettant à distance les réclamations (on peut illustrer cela par les formulaires à remplir pour toute demande dans le cas de services après-vente ou de contestation pour une décision d’un organisme publique à son encontre).

                Il dresse alors quatre grands traits caractéristiques de la bureaucratie (prise alors comme un idéal-type) pour expliquer la rigidité et les routines qu’elle entraîne :

  • Le développement de règles impersonnelles,  à l’instar de l’avancement par ancienneté. On écarte alors l’imagination, le dévouement, etc. dans la prise en compte de la progression de carrière. On absout la prise d’initiative et les relations affectives (surtout entre les différents niveaux hiérarchiques) dans les interactions quotidiennes de l’organisation.
  • La centralisation des décisions, amenant à ce que ceux qui établissent les règles ne connaissent pas « le terrain ».
  • L’isolement de chaque catégorie hiérarchique et la pression du groupe sur l’individu, où le groupe de pairs exerce une forte pression.
  • Le développement de pouvoir parallèles, la connaissance et la maîtrise des incertitudes[28] dans ce type de système est une force (d’où des avantages exorbitants pour d’obscures employés de grade peu élevé mais ayant une situation stratégique).

On en revient alors à notre question de départ : comment malgré ces défauts, la bureaucratie parvient à s’imposer ? Crozier parle alors d’un cercle vicieux propre à ce mode d’organisation (et surtout au dernier point), où on cherche à reprendre contrôle face à ces incertitudes qui entraînent de l’injustice mais par de la centralisation et de l’impersonnalité (entraînant de nouvelles incertitudes, etc.). C’est une peur de la relation personnelle, de la dépendance à autrui qui est le fondement de ce cercle vicieux : « Cette répugnance et cette peur se trouvent renforcées par toutes les frustrations que créent par ailleurs l’existence de relations de pouvoir parallèles dont nous avons vu qu’elles se développaient forcément dans un système d’organisation bureaucratique. Ces relations qui sont la conséquence directe de l’impersonnalité et de la centralisation bureaucratique tendent à créer une nouvelle pression pour plus de centralisation et d’impersonnalité. »[29].

                On voit bien la force de cette analyse, qui prend l’économie de la bureaucratie comme un phénomène interne à une organisation, réalisée par ses membres, qui peuvent se plaindre de ses effets tout en les produisant, sans bureaucrate spécialisé planificateur ou classe sociale dominante ni rationalité intrinsèque à ce cadre de relations. Dans la même idée, on va quitter un peu l’organisation pour tenter de comprendre ce phénomène qu’est la bureaucratie à travers la démocratie et le marché.


Crozier, en plein cercle vicieux de réflexion intense

Crozier, en plein cercle vicieux de réflexion intense

            B/ Démocratie, marché et bureaucratie

                Même s’il ne parle pas vraiment de « bureaucratie » mais plutôt d’ « oligarchie », Robert Michels est un des premiers à faire le lien entre les dynamiques organisationnelles et la démocratie. Selon lui, l’examen attentif des démocraties modernes conduit au constat qu’elles ne se constituent qu’à travers des partis politiques qui ont tendance à se doter de chefs et à la bureaucratisation, contraire aux principes démocratiques, postulant l’individu maître de lui-même : « Toute analyse plus ou moins approfondie des formes sous lesquelles se présente de nos jours la démocratie, est, pour l’idéaliste, une source d’amères déceptions et de triste découragement. »[30]. La bureaucratie organisationnelle condamne alors la démocratie et ses valeurs.

                Weber voyait également un danger à ce rapprochement entre bureaucratie et démocratie, craignant que la rationalité soit supplantée par le charisme : « La conjonction entre la rationalité bureaucratique et «l'irrationalité» des masses risque d'être néfaste, dans la mesure où cette collusion de deux forces anonymes pourrait trouver dans la personnalité du chef charismatique une compensation psychologique pour les uns et les autres. »[31].  Il y voit un rapport de force entre le recrutement bureaucratique par la compétence et le choix des électeurs, où le charisme peut jouer à fond : « C’est pourquoi la démocratie est sans cesse tentée par le système de l'élection des fonctionnaires, et les chefs des partis de masse laissent au moins croire qu'ils y sont favorables. En réalité elle se trouve devant un dilemme qui, suivant l'expérience de l'histoire est insoluble, car elle tend à substituer à l'arbitraire hiérarchique l'arbitraire de l'élection, étant donné que dans ce dernier cas, il y a le risque d'attribuer une fonction, non point au plus compétent, mais à celui qui aura été le plus démagogique. »[32].

                Bourdieu montrait dans Les structures sociales de l’économie comment la bureaucratie d’Etat était l’objet de luttes car elle permet de légitimer son point de vue et d’orienter le sens de l’action publique : « La compétition entre les entreprises prend la forme d'une compétition pour le pouvoir sur le pouvoir de l’État -notamment sur le pouvoir de réglementation et sur les droits de propriété- et pour les avantages assurés par les différentes interventions étatiques (…)»[33]. En extrapolant quelque peu, la démocratie et ses structures bureaucratiques peuvent donc être influencées par des acteurs dotés de certains capitaux (social et technico-légal), œuvrant à mobiliser l’action de l’Etat dans leurs intérêts. Le rôle de la bureaucratie d’Etat dans un régime démocratique est alors assez ambigu car elle permet  de limiter les pouvoirs sur les dominés d’une part et, d’autre part, de légitimer la domination par un arsenal juridique et des commissions se dotant de l’universalité.

                Dans ces analyses, aussi pertinentes qu’elles soient, on retombe quelque peu dans nos premiers travers, en ne liant la bureaucratie qu’au pouvoir politique. Von Mises faisait une distinction entre deux types de bureaucratie : une politique (que nous venons de voir) et une autre économique[34]. C’est sur cette dernière nous allons nous pencher : la production de la bureaucratie par le marché.

                Tout d’abord, cette affirmation (le marché produit de la bureaucratie) peut surprendre, tant on l’a assimilé aux dysfonctionnements et à l’irrationalité. Néanmoins, et on l’a vu, c’était quelque part la thèse de Weber. Même Crozier, qui a un point de vue assez différent (et donc d’une autre manière), le pense aussi : « Il ne faudrait pas croire cependant que « l’incertitude du marché » soit, en tant que telle, un obstacle suffisant à la rigidité des organisations. On peut soutenir, au contraire, que des conditions d’incertitude extrêmes risquent d’amener davantage de conformité et de rigidité dans la mesure où il apparaîtra vain d’essayer de s’adapter à des situations totalement imprévisibles. »[35]. La thèse de Graeber est d’ailleurs maintenant connue : le libéralisme entraîne une bureaucratie étatique (à rapprocher de Polanyi ?).

                Si ce dernier auteur peut parfois manquer de travail empirique pour appuyer ses affirmations, d’autres sociologues ont développé le concept de bureaucratie néolibérale pour rendre compte de cela. Béatrice Hibou explique alors qu’on peut repenser la bureaucratie et mettre en lien le marché et l’Etat. Depuis ces trente dernières années, selon elle, il n’y a pas vraiment faillite ou retrait de cette institution, comme on l’analyse souvent, mais plutôt un redéploiement. Les caractéristiques de la bureaucratie (rationalisation, calculabilité, prévisibilité, recherche de neutralité et d’objectivité, …) sont alors issues du marché et du monde de l’entreprise, une domination qui n’est pas due à un Etat surplombant ni au grand capital : « Le processus de bureaucratisation passe par un système de savoirs et de savoir-faire considérés comme les « bonnes manières » à suivre et qui s’institutionnalisent dans des normes, dans des procédures, dans des programmes. Ces-derniers sont destinés à éduquer individuellement les clients, les fournisseurs et les travailleurs, les emprunteurs et les consommateurs, mais aussi bien les entrepreneurs en herbe, les fonctionnaires ou le personnel religieux, les inventeurs ou les membres associatifs. »[36]. Une domination qui passe donc par le langage, en se présentant alors « évident ». Cette approche me semble très prometteuse, capable d’articuler les différents niveaux que nous avons explorés jusqu’ici et de lier Etat et marché. Elle doit cependant veiller à bien rendre compte des disparités de formes bureaucratiques afin d’éviter de tomber dans un propos général et peu rigoureux.

Devons-nous avoir peur de la paperasse ?

Devons-nous avoir peur de la paperasse ?

Conclusion : et si se passer de la bureaucratie, c’était pire ?

                La bureaucratie n’est donc pas ce monstre qu’on dessine avec des contours flous. Si des limites et des dérives existent et qu’elle n’est pas souhaitable pour tout régler, il ne faut pas la répudier comme un mal en soi, mais bien chercher par le constat sociologique, les cercles vicieux, la domination, les dysfonctionnements, etc. Si elle est si omniprésente, c’est bien par l’intermédiaire d’une certaine classe de fonctionnaires, l’émergence d’une forme de rationalité et des effets propres aux organisations ainsi qu’au marché. Une dernière piste peut être explorée, en adoptant le point de vue individuel et ce que la bureaucratie peut représenter pour un acteur. Que ce soit contre l’Etat, les fluctuations du marché ou l’autorité, la bureaucratie permet de se prémunir contre l’arbitraire. C’est ainsi que pour Weber les fonctionnaires bureaucrates sont préférables à l’administration personnelle et traditionnelle des notables[37]. Crozier va encore plus loin, il indique en effet que la participation induit de perdre une certaine autonomie, d’entrer dans une négociation avec d’autres acteurs qui peuvent juger des façons de procéder. Les règles protègent l’individu, qui peut se cacher derrière, voire les utiliser contre la hiérarchie et son ingérence : « A l’intérieur du domaine qui est limité par les règles, ou par l’ensemble du système bureaucratique, les individus sont en effet libres de donner ou de refuser leur contribution, de façon en grande partie arbitraire. »[38]. La bureaucratie permet donc de se prémunir de la personnalisation du pouvoir et peut être souhaitable, selon lui, dans des circonstances particulières[39].

                Déclarer la guerre à la bureaucratie peut conduire à des formes de dépendance et de domination non-souhaitées. La bureaucratie amène certes un certain acharnement pour le pouvoir dans une « guerre des positions », mais le cadre d’interaction opposé est celui d’une anxiété sur l’incertitude de son statut et « Des relations de dépendance génératrices de tensions qui l’on avait oublié vont réapparaître. L’autorité va se substituer aux règles. »[40]. Philippe Bernoux constate que les relations de pouvoir ont évolué au sein des organisations, les objectifs et la décentralisation ont remplacé la hiérarchie et les règles strictes : « Les directions délèguent davantage. Beaucoup de salariés disent qu’ils ont plus de responsabilité, qu’ils disposent de marges de manœuvre accrues. Ainsi, dans le même temps, objectifs et ajustements multiplient les contraintes et augmentent le stress au travail. On passe d’une société de discipline à une société de contrôle. »[41]. On peut alors parler d’une autre forme de domination se substituant à la gestion bureaucratique. Ainsi, il ne faut jamais oublier que les interactions sociales sont avant des relations de pouvoir et ce, qu’elles aient lieu dans un cadre de bureaucratie ou non. 

                                   

[1] Madeleine Peron, « La bureaucratie est-elle efficace ? », Regards croisés sur l'économie 2016/1 (n° 18), p. 119

[2] Claude Lefort, « XII. Qu’est-ce que la bureaucratie ? », in Elements d’une critique de la bureaucratie, Librairie Droz, 1971, p. 287

[3] Emile Durkheim, Les règles de la méthode sociologique, Presses universitaires de France, coll. « Quadrige Grands textes », 2007

[4] C’est en tout cas Weber qui participe le plus activement à l’étude vraiment scientifique de la bureaucratie en tant que tel. Julien Freund, « VIII. L’inévitable bureaucratie, contribution à une étude critique des idées de Max Weber sur la bureaucratie », Etudes sur Max Weber, Librairie Droz, Travaux de sciences sociales, 1990, pp. 203-235

[5] Claude Lefort, « XII. Qu’est-ce que la bureaucratie ? », in Elements d’une critique de la bureaucratie, Librairie Droz, 1971, p. 312

[6] Source : Insee. https://www.insee.fr/fr/statistiques/2489546#tableau-Donnes consulté le 05/09/2017

[7] Voici ce qu’il dit à propos du régime de Louis-Napoléon Bonaparte : « Le pouvoir exécutif avec son énorme organisation bureaucratique et militaire, avec sa machine d’Etat compliquée et artificielle, avec cette armée de fonctionnaires nombreuse d’un demi-million, à côté d’une armée qui compte encore un demi-million d’hommes, cet effroyable corps parasitaire qui enveloppe un filet le corps de la société française et en bouche tous les pores naquit au temps de la monarchie absolue, au déclin de la féodalité, déclin qu’il a aidé à précipiter. » Citation trouvée dans Claude Lefort, « XII. Qu’est-ce que la bureaucratie ? », in Elements d’une critique de la bureaucratie, Librairie Droz, 1971, p. 290

[8] Claude Lefort, « XII. Qu’est-ce que la bureaucratie ? », in Elements d’une critique de la bureaucratie, Librairie Droz, 1971, pp. 289-290

[9] Claude Lefort, « XII. Qu’est-ce que la bureaucratie ? », in Elements d’une critique de la bureaucratie, Librairie Droz, 1971, pp. 287-314

[10] Pierre Bourdieu, « 4. Esprits d’Etat, genèse et structure du champ bureaucratique » in Pierre Bourdieu, Raisons pratiques. Sur la théorie de l’action, Editions du Seuil, Points, Essais, 2014 (1994), p. 131

[11] Chez Bourdieu, en tout cas dans Raisons pratiques, l’Etat exerce une domination dans les catégories de pensée, donnant un « arbitraire culturel » qui a l’aspect du « naturel ». Pierre Bourdieu, « 4. Esprits d’Etat, genèse et structure du champ bureaucratique » in Pierre Bourdieu, Raisons pratiques. Sur la théorie de l’action, Editions du Seuil, Points, Essais, 2014 (1994), pp. 99-145

[12] Claude Lefort, « XII. Qu’est-ce que la bureaucratie ? », in Elements d’une critique de la bureaucratie, Librairie Droz, 1971, pp. 287-314

[13] Nicolas Poirier, « Cornelius Castoriadis. L'imaginaire radical », Revue du MAUSS, 2003/1 (no 21), p. 383-404.

[14] « La force de la bureaucratie dans toutes les régimes réside dans le fait que toute équipe nouvelle qui vient au pouvoir, à la suite d'une élection ou à la suite d'une révolution, n'a en général aucune connaissance précise ni familière des problèmes étatiques. Elle se trouve donc dans la situation du dilettante face à la compétence du bureaucrate professionnel. Pour pouvoir agir, et pour pouvoir se maintenir au pouvoir, le gouvernement est obligé de composer avec l'administration bureaucratique en place. » Julien Freund, « VIII. L’inévitable bureaucratie, contribution à une étude critique des idées de Max Weber sur la bureaucratie », Etudes sur Max Weber, Librairie Droz, Travaux de sciences sociales, 1990, p. 214

[15] Claude Lefort, « XII. Qu’est-ce que la bureaucratie ? », in Elements d’une critique de la bureaucratie, Librairie Droz, 1971, p. 319

[16] Madeleine Péron, « La bureaucratie est-elle efficace ? », in Regards croisés sur l’économie, 2016/1 (n°18), La Découverte, p. 119

[17] Julien Freund, « VIII. L’inévitable bureaucratie, contribution à une étude critique des idées de Max Weber sur la bureaucratie », Etudes sur Max Weber, Librairie Droz, Travaux de sciences sociales, 1990, p. 211

[18] Pour les résumer : 1. Les attributions des bureaucrates sont officiellement fixées, en vertu de lois, de règles, ou de dispositions administratives ; 2. Les fonctions sont hiérarchisées, integrées dans un système de commandement tel qu’à tous les niveaux les autorités inférieures sont contrôlées par des autorités supérieures et qu’il est  possible de faire appel des décisions d’une instance inférieur à une instance supérieur ; 3. L’activité administrative est consignée dans des documents écrits ; 4. Les fonctions supposent un apprentissage professionnel ; 5. Le travail du bureaucrate exige un dévouement entier à la charge exécutée ; 6. L’accès à la profession est en même temps un accès à une technologie particulière. Voir Claude Lefort, « XII. Qu’est-ce que la bureaucratie ? », in Elements d’une critique de la bureaucratie, Librairie Droz, 1971, pp. 287-314 et Julien Freund, « VIII. L’inévitable bureaucratie, contribution à une étude critique des idées de Max Weber sur la bureaucratie », Etudes sur Max Weber, Librairie Droz, Travaux de sciences sociales, 1990, pp. 203-235

[19] Citation de Max Weber trouvée dans Julien Freund, « VIII. L’inévitable bureaucratie, contribution à une étude critique des idées de Max Weber sur la bureaucratie », Etudes sur Max Weber, Librairie Droz, Travaux de sciences sociales, 1990, p. 212

[20] Claude Lefort, « XII. Qu’est-ce que la bureaucratie ? », in Elements d’une critique de la bureaucratie, Librairie Droz, 1971, p. 294

[21] Julien Freund, « VIII. L’inévitable bureaucratie, contribution à une étude critique des idées de Max Weber sur la bureaucratie », Etudes sur Max Weber, Librairie Droz, Travaux de sciences sociales, 1990, p. 229

[22] Julien Freund, « VIII. L’inévitable bureaucratie, contribution à une étude critique des idées de Max Weber sur la bureaucratie », Etudes sur Max Weber, Librairie Droz, Travaux de sciences sociales, 1990, pp. 203-235

[23] Julien Freund, « VIII. L’inévitable bureaucratie, contribution à une étude critique des idées de Max Weber sur la bureaucratie », Etudes sur Max Weber, Librairie Droz, Travaux de sciences sociales, 1990, p. 220

[24] Julien Freund, « VIII. L’inévitable bureaucratie, contribution à une étude critique des idées de Max Weber sur la bureaucratie », Etudes sur Max Weber, Librairie Droz, Travaux de sciences sociales, 1990, pp. 203-235

[25] Michel Crozier, Le phénomène bureaucratique, Point, Essais, 1963, souligné par moi.

[26] Madeleine Peron, « La bureaucratie est-elle efficace ? », Regards croisés sur l'économie 2016/1 (n° 18), p. 119-122

[27] Michel Crozier, « 7. Le système d’organisation bureaucratique », in Le phénomène bureaucratique, Point, Essais, 1963, p. 220

[28] Un exemple inventé de toute pièce, mais savoir qu’un candidat, extérieur à l’organisation, à un poste peut passer le concours « en interne », plus facile, s’il a effectué un certain nombre d’années à un certain poste peut être interprété comme une zone d’incertitude car c’est une connaissance peu partagée et diffuse.

[29] Michel Crozier, « 7. Le système d’organisation bureaucratique », in Le phénomène bureaucratique, Point, Essais, 1963, p. 238

[30] Robert Michels, Les partis politiques, essai sur les tendances oligarchiques des démocraties, Flammarion, Science, 1971, p. 302

[31] Julien Freund, « VIII. L’inévitable bureaucratie, contribution à une étude critique des idées de Max Weber sur la bureaucratie », Etudes sur Max Weber, Librairie Droz, Travaux de sciences sociales, 1990, p. 224

[32] Julien Freund, « VIII. L’inévitable bureaucratie, contribution à une étude critique des idées de Max Weber sur la bureaucratie », Etudes sur Max Weber, Librairie Droz, Travaux de sciences sociales, 1990, p. 215

[33] Pierre Bourdieu, Les structures sociales de l'économie, Points, Essais, 2014 (2000), France, p.312

[34] Julien Freund, « VIII. L’inévitable bureaucratie, contribution à une étude critique des idées de Max Weber sur la bureaucratie », Etudes sur Max Weber, Librairie Droz, Travaux de sciences sociales, 1990, pp. 203-235

[35] Michel Crozier, « 7. Le système d’organisation bureaucratique », in Le phénomène bureaucratique, Point, Essais, 1963, p. 228

[36] Béatrice Hibou, « Introduction. La bureaucratisation néolibérale, ou la domination et le redéploiement de l’Etat dans le monde contemporain », in Béatrice Hibou, La bureaucratisation néolibérale, La Découverte, Recherches, 2013 (), pp. 15-16

[37] Claude Lefort, « XII. Qu’est-ce que la bureaucratie ? », in Elements d’une critique de la bureaucratie, Librairie Droz, 1971, pp. 287-314

[38] Michel Crozier, « 7. Le système d’organisation bureaucratique », in Le phénomène bureaucratique, Point, Essais, 1963, p. 254

[39] « C’est dans la mesure où, dans une société donnée et à un moment donné, les individus se trouvent effectivement très vulnérables qu’il sera nécessaire pour assurer leur protection de recourir à des cercles vicieux bureaucratiques. (…) Moins l’individu sera vulnérable et moins il acceptera de payer le prix de la rigidité bureaucratique. » Michel Crozier, « 7. Le système d’organisation bureaucratique », in Le phénomène bureaucratique, Point, Essais, 1963, p. 255.

[40] Michel Crozier, « 7. Le système d’organisation bureaucratique », in Le phénomène bureaucratique, Point, Essais, 1963, p. 241

[41] Philippe Bernoux, La sociologie des organisations, initiation théorique suivie de douze cas pratiques, Points, Essais, 2009 (1985), p. 247

Bibliographie

Madeleine Peron, « La bureaucratie est-elle efficace ? », Regards croisés sur l'économie 2016/1 (n° 18), p. 119-122

Claude Lefort, « XII. Qu’est-ce que la bureaucratie ? », in Elements d’une critique de la bureaucratie, Librairie Droz, 1971, pp. 287-314

Emile Durkheim, Les règles de la méthode sociologique, Presses universitaires de France, coll. « Quadrige Grands textes », 2007

Pierre Bourdieu, « 4. Esprits d’Etat, genèse et structure du champ bureaucratique » in Pierre Bourdieu, Raisons pratiques. Sur la théorie de l’action, Editions du Seuil, Points, Essais, 2014 (1994), pp. 99-145

Pierre Bourdieu, Les structures sociales de l'économie, Points, Essais, 2014 (2000), France

Julien Freund, « VIII. L’inévitable bureaucratie, contribution à une étude critique des idées de Max Weber sur la bureaucratie », Etudes sur Max Weber, Librairie Droz, Travaux de sciences sociales, 1990, pp. 203-235

Nicolas Poirier, « Cornelius Castoriadis. L'imaginaire radical », Revue du MAUSS
2003/1 (no 21), p. 383-404.

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Robert Michels, Les partis politiques, essai sur les tendances oligarchiques des démocraties, Flammarion, Science, 1971

Béatrice Hibou, « Introduction. La bureaucratisation néolibérale, ou la domination et le redéploiement de l’Etat dans le monde contemporain », in Béatrice Hibou, La bureaucratisation néolibérale, La Découverte, Recherches, 2013 (), pp. 7-20

Philippe Bernoux, La sociologie des organisations, initiation théorique suivie de douze cas pratiques, Points, Essais, 2009 (1985),

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